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Cluster of Excellence EXC 2052 - "Africa Multiple: reconfiguring African Studies"

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6. Echos der transatlantischen
Vergangenheit




photo unesco trade route

Familiengeschichten aus Ouidah, aufgezeichnet von Thierry Boudjekeu im Oktober 2022

 

1. « Il est allé dans une famille où les gens avaient envie de lui montrer quelque chose mais ils étaient aussi réticents. Donc il a fallu beaucoup de négociations, de discussions et il a fallu mettre en confiance avant qu'on ne l'introduise dans une pièce. Une pièce qui est "Sacrée" parce que la pièce contenait des chaînes d'esclaves et personne n'entre dans cette pièce-là. Donc c'est exceptionnellement qu'on le lui a fait visiter ; et ce qu'il a découvert, c'est des chaînes entassées d'une hauteur de près de deux (2) mètres et il a fait le vœu de ne pas en parler nulle part et que ça restera entre eux. » (Homme)

"Er ging in eine Familie, die ihm etwas zeigen wollte, aber zugleich zögerlich war. Es bedurfte vieler Verhandlungen, Gespräche und des Aufbaus von Vertrauens, bevor man ihn schließlich in einen Raum führte. Ein Raum, der als 'heilig' galt, denn er enthielt Sklavenketten – ein Ort, den niemand betrat. Ausnahmsweise wurde ihm der Zugang gewährt. Was er dort entdeckte, waren Ketten, aufgeschichtet bis zu einer Höhe von fast zwei Metern. Er schwor, niemals darüber zu sprechen – es sollte ein Geheimnis zwischen ihnen bleiben." (Mann)

2. « Je suis en train de faire un travail spirituel, donc je consulte le Fâ, pour qu’il me confirme certaines choses. Et je vais organiser un rituel où chacun devra ramener quelque chose de ses ancêtres. Nous allons tout rassembler pour leur faire un sanctuaire. Mais ils sont déjà là. Ils sont là et ils manifestent leur présence, ils nous poussent à agir, à ne pas oublier. Nous devons avancer, ne pas rester enfermés dans le passé. Mais avancer, ce n’est pas oublier. Il faut savoir ce qu’il s’est passé. Il faut savoir qui nous sommes.

Quand je suis quelque part, je ne dis pas tout de suite qui je suis. Je regarde d’abord à qui j’ai affaire. Je pèse les mots, je choisis à quel moment révéler les choses. Parce que c’est lourd à porter. Parce que ce n’est pas anodin de dire que d’un côté de ma famille, je descends d’une esclave, et de l’autre, d’un négrier. » (Femme)

“Ich befinde mich in einem spirituellen Prozess und konsultiere daher das Fâ, um Bestätigung für bestimmte Dinge zu erhalten. Ich werde ein Ritual organisieren, bei dem jeder etwas von seinen Vorfahren mitbringen muss. Wir werden alles zusammenführen, um ihnen ein Heiligtum zu errichten. Aber sie sind bereits hier. Sie sind da und zeigen ihre Präsenz, sie drängen uns zum Handeln, dazu, nicht zu vergessen. Wir müssen voranschreiten, dürfen uns nicht in der Vergangenheit verlieren. Doch voranschreiten heißt nicht vergessen. Wir müssen wissen, was geschehen ist. Wir müssen wissen, wer wir sind.

Wenn ich irgendwo bin, sage ich nicht sofort, wer ich bin. Zunächst beobachte ich, mit wem ich es zu tun habe. Ich wäge meine Worte ab, entscheide, wann ich etwas offenbare. Denn es ist eine schwere Last. Es ist keine Kleinigkeit zu sagen, dass ich auf der einen Seite meiner Familie von einer Sklavin abstamme – und auf der anderen von einem Sklavenhändler.” (Frau)


3. J’avais quinze ans quand mon père m’a emmenée avec un médium visiter Zougbodji. C’était un ancien port où les esclaves étaient parqués avant d’être embarqués. Il y avait aussi une dame blanche avec nous. Dès que nous sommes arrivés, elle s’est mise à pleurer. Elle ne savait rien de ce lieu, mais elle disait qu’elle sentait une grande souffrance. C’était très étrange. Elle a insisté pour qu’on fasse des rituels, parce qu’elle disait que les âmes des esclaves morts sans sépulture étaient toujours là, prisonnières. » (Femme)

"Ich war fünfzehn, als mein Vater mich mit einem Medium nach Zougbodji mitnahm. Das war ein ehemaliger Hafen, wo Sklaven festgehalten wurden, bevor sie verschifft wurden. Eine weiße Frau war bei uns. . Kaum waren wir angekommen, begann sie zu weinen. Sie wusste nichts über diesen Ort, aber sie sagte, sie spüre großes Leid. Es war sehr seltsam. Sie bestand darauf, dass wir Rituale durchführten, weil sie meinte, die Seelen der Sklaven, die ohne Grab gestorben waren, seien noch immer dort, gefangen." (Frau)

4. Il y a des gens qui racontent qu’on entend encore les cris des esclaves la nuit. Les pêcheurs et les chasseurs de crabes qui passent par là en parlent souvent. Un jour, Fofo Isidore est rentré chez lui en sueur, fiévreux, après être allé poser des filets à la plage. Il disait qu’il avait entendu des voix, qu’il y avait quelque chose qui l’avait effleuré, comme un vent lourd de douleur. Il était convaincu que c’étaient les âmes de ceux qui n’étaient jamais revenus. Ici, on croit que les morts errent tant qu’on ne leur a pas rendu hommage. (Femme)

"Es gibt Leute, die erzählen, dass man nachts noch die Schreie der Sklaven hören kann. Die Fischer und Krabbenjäger, die dort vorbeikommen, sprechen oft darüber. Eines Tages kam Fofo Isidore schweißgebadet und mit Fieber nach Hause, nachdem er am Strand Netze ausgelegt hatte. Er sagte, er habe Stimmen gehört, etwas habe ihn gestreift – wie ein Wind, schwer vor Schmerz. Er war überzeugt, dass es die Seelen derjenigen waren, die niemals zurückgekehrt sind. Hier glaubt man, dass die Toten umherirren, solange man ihnen nicht die letzte Ehre erwiesen hat." (Frau)

5. L’Arbre de l’Oubli a été planté en 1727 sous le roi Agadja. On faisait tourner les esclaves autour de cet arbre pour leur faire perdre la mémoire de leur pays, de leur identité. C’était une manière de leur couper toute attache avec leur passé. Le roi savait que ce qu’il faisait était terrible, qu’il arrachait des hommes et des femmes à leur terre et à leur famille. Cet arbre, c’était une façon de leur dire : ‘Vous n’avez plus d’histoire ici, vous appartenez à un autre monde maintenant.’(Femme)

"Der Baum des Vergessens wurde 1727 unter König Agadja gepflanzt. Man ließ die Sklaven um diesen Baum herumgehen, um ihnen die Erinnerung an ihr Land und ihre Identität zu nehmen. Es war eine Methode, sie von ihrer Vergangenheit zu trennen. Der König wusste, dass das, was er tat, furchtbar war – dass er Männer und Frauen ihrer Heimat und ihren Familien entriss. Dieser Baum war eine Art, ihnen zu sagen: ‘Ihr habt hier keine Geschichte mehr, ihr gehört jetzt zu einer anderen Welt.’" (Frau)

6. Ils nous ont dit que la terre était vide. Mais en fouillant dans les archives, j'ai trouvé des chuchotements, des noms effacés, des vies oubliées. Ce n'était pas seulement un cimetière. C'était un registre d'âmes volées. / La première fois que j'ai touché le tambour, mes mains ont su ce que mon esprit avait oublié. Le rythme n'était pas le mien, mais il vivait dans mon sang. Ce rythme, disait ma grand-mère, est plus ancien que l'océan qui nous a emportés. Elle m'a pris la main et a murmuré un nom que je n'avais jamais entendu auparavant. Elle m'a pris la main et a murmuré un nom que je n'avais jamais entendu auparavant : « Trouvez-le », a-t-elle dit, comme si le temps pouvait être défait. C'est ainsi que j'ai suivi ce nom à travers les continents, pour apprendre qu'il n'avait jamais cessé d'attendre notre retour. (Femme)

"Man hat uns gesagt, das Land sei leer. Aber als ich in den Archiven recherchierte, fand ich Flüstern, ausgelöschte Namen, vergessene Leben. Es war nicht nur ein Friedhof. Es war ein Register gestohlener Seelen. / Das erste Mal, als ich die Trommel schlug, wussten meine Hände, was mein Geist vergessen hatte. Der Rhythmus war nicht der meine, aber er lebte in meinem Blut. Dieser Rhythmus, sagte meine Großmutter, ist älter als der Ozean, der uns forttrug. Sie nahm meine Hand und flüsterte einen Namen, den ich noch nie zuvor gehört hatte: ‘Finde ihn’, sagte sie, als könnte die Zeit zurückgedrehwerden. So folgte ich diesem Namen über die Kontinente, um zu erfahren, dass er nie aufgehört hatte, auf unsere Rückkehr zu warten." (Frau)




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